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Marché du livre en 2024 : Entre repli global et résistances stratégiques

Le marché éditorial français se réajuste en 2024. Les ventes et la production de nouveautés reculent, reflétant une volonté des éditeurs de mieux réguler l’offre. Malgré ce contexte, certains segments résistent : la littérature, portée par la romance, le polar et le format poche, continue de séduire et de fidéliser les lecteurs. Cette année confirme ainsi un marché en mutation, où la qualité et la durabilité des titres priment sur la quantité.

Un marché globalement en recul, mais la littérature tire son épingle du jeu

Depuis plusieurs mois, les ventes de livres reculent dans la plupart des segments éditoriaux. La littérature apparaît comme l’exception notable, portée par plusieurs tendances convergentes.

 

L’essor de la romance et l’effet BookTok

La romance connaît une popularité sans précédent, notamment auprès d’un public jeune, fidèle et très actif sur les réseaux sociaux. Le phénomène BookTok (communauté de lecteurs sur TikTok) joue ici un rôle majeur, créant un véritable effet boule de neige sur les ventes.

 

Le renouveau du roman policier

Les thrillers psychologiques et les enquêtes à suspense enregistrent également de beaux succès. Portées par des auteurs reconnus mais aussi par de nouvelles voix, ces parutions entretiennent l’intérêt pour un genre traditionnellement solide.

 

La vitalité du format poche

Avec son prix plus accessible et sa large distribution, le poche séduit un lectorat soucieux d’économie. Il prolonge par ailleurs la durée de vie des titres publiés en grand format.

 

Séries et fidélisation des lecteurs

Enfin, la popularité croissante des sagas et publications récurrentes crée une base de ventes régulières et stables, contribuant à la solidité du segment littéraire.

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Le format poche : un poids stable malgré un léger repli

En 2024, le livre au format poche suit la tendance générale du marché avec une baisse des ventes : –1,6 % hors mangas et –2,5 % en incluant les mangas. Ces derniers, pourtant pilier du format poche, accusent une baisse marquée, tandis que les autres segments résistent mieux, voire progressent légèrement.

Malgré cette contraction, le poche conserve un rôle central dans le marché éditorial :

  • 15,4 % des ventes en valeur,

  • 26,2 % des ventes en volume

  • des proportions stables par rapport à 2023.

La littérature générale domine largement ce segment (65,1 millions d’exemplaires vendus, soit 251,7 M€ de chiffre d’affaires), suivie par la littérature jeunesse (62,2 M€, portée par des séries emblématiques comme Harry Potter). La bande dessinée, incluant les mangas, se classe en troisième position.

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Baisse de la production de nouveautés : vers un marché plus sélectif

La production éditoriale reflète aussi cette volonté de régulation : 36 232 nouveaux titres publiés en 2024, contre 36 819 en 2023 (–1,6 %). Ce volume est inférieur à ceux de 2019 et 2020, confirmant une tendance structurelle de repli (-18,9 % sur 5 ans).

 

Les principaux facteurs

  • Recentrage éditorial : éviter la surproduction, améliorer la visibilité en librairie.

  • Contexte économique tendu : hausse des coûts (papier, énergie, transport), prudence face à la baisse du pouvoir d’achat.

  • Évolutions des pratiques de lecture : attrait pour les auteurs confirmés, essor du numérique et de l’audio.

  • Réduction des tirages : –4,1 % d’exemplaires imprimés en 2024 (248,4 M contre 259 M en 2023).

  • Stabilisation post-Covid : retour à un rythme plus soutenable après les fluctuations de la période 2020–2022.

Cette orientation traduit un changement de paradigme : privilégier la qualité et la durabilité plutôt que la quantité.

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Hausse des réimpressions : le fonds retrouve sa place centrale

En parallèle, les réimpressions progressent : +2,8 % en 2024 (69 452 titres) et +11,1 % sur cinq ans. Les exemplaires imprimés en réimpression augmentent également (+1,4 %).

Cette évolution illustre un recentrage stratégique sur le fonds éditorial, plus rentable et moins risqué que les nouveautés. Les éditeurs optent pour des réimpressions à court tirage, permettant d’ajuster rapidement l’offre à la demande, de limiter les invendus et d’allonger la durée de vie commerciale des titres.

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Conclusion : un marché en mutation

Le marché du livre en 2024 se caractérise par un double mouvement : contraction globale et redéploiement stratégique. Si la baisse des ventes et de la production traduit un environnement économique difficile, la bonne santé de la littérature, du format poche et la valorisation accrue du fonds démontrent la capacité d’adaptation des éditeurs.

Dans un secteur désormais mature, la croissance ne viendra plus du volume de nouveautés, mais de la mise en valeur des catalogues existants et d’une meilleure connexion aux attentes des lecteurs.

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